lundi 25 septembre 2017

3 sujets dans l'édito de Laurent . Joffrin dans Libé. de ce jour: Le Sénat....Merkel....et la "rue "de Mélanchon (extraits)

Laurent Joffrin
La lettre politique
de Laurent Joffrin

Entrain de sénateur

Manifestement, le charme est rompu. La percée d’En marche s’est émoussée. Au Sénat, à l’inverse de leurs premières espérances, les macronistes se rétractent au lieu d’essaimer. La droite gagne et la gauche tire son épingle du jeu. ... le Sénat fait événement.... Certes, de par le mode de scrutin, ce résultat reflète le passé, ... le corps électoral sénatorial a été désigné il y a deux ou trois ans.
...Emmanuel Macron peut se consoler en constatant qu’il remonte de cinq points dans un sondage publié dimanche dans le JDD. C’est une bonne performance : en général, la chute  ... est continue.... Macron enraye le mécanisme... Avec un bémol : c’est à droite que cette remontée se manifeste,.. Les électeurs de Fillon sont très contents de la réforme du Code du travail ou de la quasi-suppression de l’ISF. Depuis le début du quinquennat, En marche boîte de la jambe gauche : l’opinion l’a très bien compris. Les conservateurs et les libéraux plébiscitent Macron, la gauche lui fait grise mine.....
Et aussi
La déconvenue de Merkel est aussi une déconvenue de Macron. Outre qu’ils ont envoyé au Bundestag un parti franchement xénophobe, les électeurs allemands ont fait progresser les antieuropéens de tous les partis. Le FDP, parti libéral qui pourrait se coaliser avec la CDU-CSU, ne veut pas entendre parler des propositions françaises pour relancer l’Union. Mauvaise nouvelle .. donc. D’autant que la percée extrémiste, qu’on présente comme un échec de Merkel, est surtout liée à sa courageuse attitude pendant la crise des réfugiés. Si elle a échoué, c’est pour avoir montré de la générosité. Au lieu de souligner ses difficultés (après tout, elle a gagné pour la quatrième fois, record européen), on devrait saluer sa dignité.

• Mauvaise querelle, mais mauvais historien… On l’a dit dans Libé : En marche exagère en reprochant à Mélenchon de comparer Macron à Hitler. Mais Mélenchon a défendu «la rue» avec un sens historique pour le moins approximatif. Ce ne sont certainement pas des manifestations qui ont vaincu le nazisme, mais bien des divisions blindées et des bombardiers. Ou alors il voulait parler des rues de Stalingrad, où les soldats russes manifestaient en courant en zigzag sous les balles, fusil la main. «La rue» (allemande), conquise par les SA, aurait plutôt aidé Hitler à prendre le pouvoir. De même, contrairement à l’affirmation du leader de La France insoumise, ce sont les mots du Général ..plus que les ...manifestants qui ont fait échouer le putsch de 1961.
   Cet éloge de la rue est surtout à double tranchant. Le droit de manifester est certes constitutionnel et il est paradoxal qu’un président à la pensée complexe, élu au nom d’En marche, stigmatise un lieu où la principale occupation consiste justement… à marcher pour défendre ses idées. Mais de quelle rue parle l’insoumis en chef ? Celle des syndicalistes, des militants de gauche, du peuple insurgé contre la tyrannie.. Il y en a une autre : celle du 6 février 1934, qui aurait pu renverser la République, celle des partisans de l’école privée, qui a fait reculer Mitterrand, ou celle de la Manif pour tous, dont, implicitement, Mélenchon consacre soudain la légitimité. La rue ayant toujours raison, faut-il céder aussi à ces manifestants-là ? Ou bien, comme l’ont fait les gouvernements républicains ou socialistes, invoquer la loi supérieure de l’élection ? Au Venezuela, d’ailleurs, La France insoumise aime beaucoup moins la rue, révoltée contre Maduro, qui s’appuie sur le vote. Dans la bouche de Mélenchon, la rue est démocratique à condition de marcher sur le trottoir de gauche. Sur celui de droite, il n’y a que des factieux. Pour lui, cette rue est à sens unique. Alors qu’elle peut être un boulevard pour la réaction et une impasse pour les progressistes.
La France insoumise laisse enfin entendre que la manifestation, désormais, est plus représentative que l’élection. Dangereux raccourci. Il a fallu des décennies de lutte pour instaurer le suffrage universel. Pour lui, beaucoup ont souffert et beaucoup sont morts. Le dénigrer en permanence, comme le fait La France insoumise, c’est leur faire injure.
Laurent Joffrin                                                 ( SAA a souligné et/ écrit en gras et/ou italique)

Aucun commentaire: