dimanche 6 mars 2016

Une belle soirée autour du film de Lucile Mons

Après la projection...
Avant...

Après la projection, le débat a été  riche.Voici les Questions du public et  Réponses de Lucile Mons:
Q: De quoi vivent ils, (ces jeunes gens au chômage)?
R: Leurs parents, et pour Felice un travail précaire à l'aéroport.
Q: les personnages ont ils visionné le film?
R: Oui, ils se sont "reconnus".
Q: y-a-t-il des syndicats?
R: Oui, mais beaucoup de jeunes diplômés et toute une génération désoeuvrée: les association/parti politique  leur offrent un rôle.
Q: Et le tourisme?Et l'industrie?
R: Les richesses sont peu réparties. Pour les jeunes, c'est le travail précaire souvent payé au noir.
Il y a eu de la pétrochimie, mais mal gérée, beaucoup de pollution...des cancers.
Q: Pourquoi faire ce film?
R: J'allais souvent en Sicile, je connaissais ces personnes...et ils me paraissaient ressembler à tout ce que rêve MA génération. Qui on a été. De quoi on a rêvé. C'est une question essentielle pour moi: 
la place des jeunes dans la société.Que fait-on de ce qu'on a rêvé?
Q: C'est votre premier film? Vous utilisez des plans longs, la lenteur est riche.
R: C'est un choix: laisser les choses se dérouler.
Q: (de l'attaché parlementaire de M.F. Beaufils, sénatrice 37):En Espagne, 50% de chômage chez les 25ans; en France le chômage s'aggrave: avec BAC+5 on gagne le SMIC...la jeunesse européenne très formée n'a pas de travail, pas de salaire; les parents ou grands-parents financent...J'ai beaucoup apprécié ce film!
R:Le film se déroule en Sicile, mais les problèmes se posent ailleurs aussi. L'objet du film, c'est ce que cela fait à un être humain de se trouver dans cette situation. Ne rien faire des études qu'on a faites.
Q: Il n'y a pas que le travail pour être reconnu, la musique(un des jeunes du film) est aussi une reconnaissance...le désoeuvrement de la jeunesse, ce n'est pas que l'absence de travail?
R: ...pour eux-mêmes, ils montrent leur dignité par l'activité politique et/ou artistique.
Q: et les femmes? C'est pire que les hommes en Sicile?
R:Non. Ce qui change, c'est que les femmes sans travail peuvent toujours être une femme au foyer...Pour un homme, ce n'est pas acceptable en Sicile!Sans travail, il n'est pas pensable de fonder une famille!La place de l'homme dans la société sicilienne fait que l'environnement est plus dur pour eux. Ils sont en position d'échec.
Q: En Espagne, les femmes acceptent plus les petits boulots mal payés que les hommes...
R: En Sicile, les hommes acceptent les petits boulots.mais, il y a encore beaucoup de travail PAS PAYE!
La vulnérabilité: un travail est un Honneur, donc on peut ne pas les payer, c'est courant! es jeunes de bientôt 40 ans sont en situation d'enfance (chez les parents)!
Q:Un des jeunes parle de "Situation en eaux troubles" au début du film...?
R: Plutôt comprendre: "tout est troublé", la situation en général. Proposer un travail est un service qu'on leur rend! La mafia a habitué à un certain type de rapports sociaux, avec l'idée de DETTE toujours présente.
Q:Quel est le taux de suicide?
R: Peu de suicides?A cause de la tradition religieuse?  Je n'en ai pas vu. On verra les effets de cette"maladie" plus tard. Les parents de ces jeunes sont des bourgeois (dans les années 60, 70, il y a eu beaucoup de retombées d'argent avec le tourisme, la pétrochimie) ils ont de belles maisons et voitures. Les grands parents étaient pauvres, vivaient dans des cabanes. les parents ne sont pas allés à l'école, mais ils appartiennent à la classe moyenne supérieure. Les jeunes ont fait des études, ils ont une chance que leurs parents n'ont pas eue....
Q:L'éruption de l'ETNA a une valeur de symbole?
R: ? Il y a de la violence rentrée; on se détruit. Quelle stratégie pour échapper à cela?
Q: (Ph. Lebot) Pendant la campagne des cantonales à Saint-Pierre des Corps, j'ai ressenti tout cela: dès qu'il y a "reconnaissance", on voit les yeux qui brillent, comme un "mieux être" momentané...
R: la précarité se situe ailleurs...
Q:Les monologues, en situation d'entretien ou sur l'Etna, étaient-ils préparés?
R: Non, pas préparé par eux. La "gêne" est sensible. Je l'ai conservée. "Me taire" Garder leurs "silences"!
Les pousser ainsi à aller plus loin. Les entretiens sont "subis". Une sonnerie de téléphone (espoir) vient interrompre, je ne décroche pas, le jeune hurle "MAMAN Réponds!"!
Sur l'Etna, ils sont libres: lors de la dernière scène ils "s'approprient" le film, ils citent des films, -leur culture est une forme de reconnaissance-Ils me fournissent des fins possible!
Q:Comment les as tu rencontrés?
R: Ma vie privée, mon compagnon sicilien...autour de moi. Giandomenico est allé à Bologne, en rêve encore; Felice est allé à Paris, là, en situation de misère économique... En Sicile,"ILS EXISTENT". Ce  film, à un moment donné de leur vie, leur a donné une forme de reconnaissance.
                                                (photo. à venir)
Merci Lucile pour ces échanges riches!
Un buffet bien préparé  les a prolongés!
SAA

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