mercredi 8 février 2017

Une analyse de Laurent Joffrin



08 février 2017
Laurent Joffrin
La lettre de campagne
de Laurent Joffrin

Hamon, président normal

Habile Hamon… Le candidat socialiste démarre plutôt bien sa campagne. Son déplacement de cette nuit, auprès des travailleurs du métro, est judicieux. Les hommes politiques s’adressent souvent à ceux qui se lèvent tôt. Lui va voir ceux qui ne se couchent pas. Ils le méritent. Hamon a compris qu’il fallait tenter de renouer les liens entre socialistes et couches populaires ; il est temps : pas d’autre voie pour une victoire éventuelle. Mais la route sera longue... Ils ont beau avoir abaissé l’âge de la retraite pour les longues carrières, instauré le tiers payant, créé le compte pénibilité ou le compte personnel d’activité, maintenu l’Etat-providence intact, l’obsessionnel réquisitoire de la «vraie gauche» et de l’extrême droite contre les sociaux-démocrates a installé l’idée que le peuple avait répudié la gauche de gouvernement. Ce qui est largement outrancier.   Dernière en date : Marine Le Pen qui fustige «la gauche du fric». Celle qui fut longtemps la châtelaine de Montretout, qui est l’héritière de son parti, qui se déplace en voiture avec chauffeur et vit aux frais du Parlement européen a effectivement des leçons à donner…
Hamon tend donc à corriger ces caricatures. Avec un handicap probable. En faisant assaut de simplicité, en refusant de jouer l’homme providentiel, en confessant qu’il n’a pas la science infuse, Hamon est cohérent avec son projet de VIe république, qui doit mettre fin au système de monarchie républicaine dans lequel nous vivons. Il ne sera pas le sauveur suprême. Fort bien. L’ennui, c’est que nous sommes toujours dans la Ve République et non dans la VIe... Trop normal, Benoît ?

C’était hier

• Difficile de tourner la page, surtout celle du Canard Enchaîné. Cette fois Penelope Fillon est accusée par le journal d’avoir touché des indemnités de licenciement. Elles étaient déjà comptées dans le décompte publié par son équipe de campagne, dit Fillon, leur montant est exagéré et elles étaient légales. Arguments qu’il faut entendre. Mais la vraie question, faut-il le rappeler, n’est pas là. Ces rémunérations étaient-elles ou non la contrepartie d’un travail réel ? Toujours pas de réponse convaincante sur ce point crucial…
• La contre-attaque Fillon se déploie..... L’intensité de la réaction médiatique est surtout liée aux explications confuses, contradictoires et partielles données par Fillon une fois les informations du Canard publiées. Il aurait donné à l’opinion publique des éléments précis et convaincants que la campagne se serait arrêtée dans la minute. Nul complot, donc. L’interrogation légitime de journalistes dont l’une des fonctions est de vérifier ce que disent les hommes publics.
......
• Plan B comme Bayrou… Le leader du Modem a cogné comme jamais sur Fillon, qu’il présente comme un homme «sous l’influence des puissances d’argent » dont la candidature est «une atteinte à la décence». Il annonce qu’il «prendra ses responsabilités» face à lui.... Bayrou prépare sa candidature...  Mauvais pour Fillon, mauvais pour Macron. Avec deux centristes en face de lui, Hamon est en meilleure position : les quelque 20% d’électeurs qui veulent voter Macron pourraient se diviser. Du coup le candidat de gauche pourrait arriver dans le trio de tête. Ou dans le duo…
Laurent Joffrin

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